Jour 114

Par Brian Hancock

Maintenant, les choses deviennent un peu délicates pour Explorer. C’est d’ailleurs ce que m’a dit ma première femme au moment où nous allions saisir le tribunal, mais je m’éloigne du sujet. Au fait, nous sommes toujours amis et nous partageons un petit-fils.

Explorer (et Sterna) sont en mesure d’obtenir des informations météorologiques extérieures parce qu’ils sont officiellement hors de cette jambe, mais la météo est un peu comme la tante ivre qui vient à la maison le jour de l’an ; un peu imprévisible. La météo fait ce qu’elle veut et les deux bateaux vont devoir en assumer les conséquences. Encore une fois, en référence à ma tante, elle devait toujours m’embrasser partout et, pour être honnête, je peux encore sentir son parfum éventé 60 ans plus tard.

Les explorateurs ont encore une bonne brise qui leur permettra d’envoyer un spi, mais seulement s’ils soufflent dedans. Il n’y a pas beaucoup de vent dans le Tasman et ce satané Cap Reinga semble s’éloigner au moment même où ils pensent se rapprocher. Il ne reste plus que 414,9 milles à parcourir jusqu’à Auckland. J’adore la précision du traqueur YB.

Sterna, vous vous souvenez d’eux, n’est-ce pas ? Ils sont en train de rouler dans l’un de ces nids-de-poule dont j’ai déjà parlé. Aux dernières nouvelles, ils avançaient à 4,9 nœuds. Leur date d’arrivée prévue est le 17 mars (je plaisante).

Pendant que les équipes à Auckland se préparent pour l’étape 3, j’ai peut-être une histoire à vous raconter.

Lors de la Whitbread 85/86, j’ai donc navigué à bord de Drum, le bateau qui appartenait et était sponsorisé par Simon Le Bon et les deux managers de Duran Duran, Paul et Michael Barrow. Vous vous souvenez de Duran Duran, n’est-ce pas ? “Mon nom est Rio”, mais je m’éloigne encore une fois du sujet, mais chantez quand même.

Ils ont obtenu un contrat pour une publicité de Sasson Jeans, qui devait être filmée dans la baie des îles, juste au coin du cap Reinga, à la pointe de la Nouvelle-Zélande, du côté est. Il s’agissait d’un contrat bien rémunéré. Quelqu’un a laissé entendre qu’il s’agissait de plus de 500 000 dollars, mais je ne peux pas le confirmer. Ce que je peux confirmer, c’est qu’ils ont fait deux choses magiques. Ils ont fait venir quelques superbes mannequins de New York pour les aider et ils ont construit une passerelle sous-marine pour que Simon ait l’impression de marcher sur l’eau. Et là… Je pensais que c’était plutôt cool, et ça l’était, parce qu’il remorquait le bateau, mais ce qui a rendu la chose encore meilleure (pour moi en tout cas), c’est que les mannequins n’avaient aucune inhibition. Ai-je mentionné qu’elles étaient toutes d’une beauté époustouflante et que je n’avais qu’une vingtaine d’années ?

À chaque changement de scène, ils descendaient se changer, tous, c’est-à-dire les vêtements. Je changeais l’huile du générateur et je me suis assuré qu’il fallait beaucoup de temps pour faire une vidange. Nous en reparlerons demain.

Nous attendons juste que la prochaine étape commence et que nos amis de l’Explorer et du Sterna puissent enfin déguster de la pavlova. Personnellement, je ne supporte pas ce produit. C’est trop sucré, mais les Kiwis semblent l’apprécier. Que feraient-ils d’autre avec tous ces kiwis ? Je suppose qu’ils sont meilleurs que les volailles de mouton, mais moi, je préfère de loin une volaille de mouton enrobée de meringue à une pavlova.

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