Me voici assis dans la descente, l’iPad (mon répétiteur d’écran extérieur) à la main pour prolonger la réflexion entamée depuis que le vent commence à afficher une courbe légèrement descendante.
C’est du bluff ? Ca va tenir ou pas ? Pas la peine de poser la question, personne ne répondra ! Est-ce le bon moment, ou faut-il attendre encore un peu ? On aiguise nos sens tout autant que notre vigilance à se maintenir ainsi, sans cesse aux abois face à ces vents instables.
Il vaut mieux être sûr de son coup et ne pas se lancer inutilement dans de telles manoeuvres de changements de voiles. La sanction est immédiate : en plus de précieux milles perdus, c’est l’énergie du bonhomme qui fout le camp ! Pas de gaspillage quel qu’il soit, c’est la règle !
En attendant que la tendance du vent se confirme et que je prenne ma décision, je réponds à la vacation du jour. Pierre-Louis au bout du satellite me demande, comme à son habitude, de décrire la carte postale... Sauf qu'il fait nuit noire ici ! La carte postale sera sonore, la description devient celle des bruits, ou plutôt du vacarme ambiant. Entre les feulements de l’eau sous la coque, le grondement de la coque au planning, la plainte du tirant d’outrigger qui fend l’eau dans les surfs, les bangs répétés de la coque qui tape dans les vagues, et l’explosion des vagues sur le pont qui se termine en cascade dans le cockpit, voici une carte postale bien assourdissante !
C’est ça le planning dans le Sud ! L’impression aussi que l’eau froide frappe bien plus fort que l’eau tempérée de nos latitudes européennes. J’ai mis un moment le casque antibruit sur les oreilles, même lui n’arrive pas à venir à bout de toutes ces fréquences !
Dehors, encore quelques belles bourrasques, ce n’est pas encore le moment de changer…
Dom
Relai courtois de l\'article . Merci Vendée Globe
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