© Bertrand de Broc / Votre Nom autour du Monde avec EDM ProjetsJe traverse actuellement une grosse zone de transition au sud de la Tasmanie. Je suis plein vent arrière, et c’est calme dehors, la mer est belle : il y a 1,5 mètre de vagues, et entre 19 et 23 nœuds de vent. La lune va bientôt se lever, et je glisse à 14 nœuds de moyenne. Devant, Cali (Arnaud Boissières) s’est envolé. Il est parti sur le toboggan d’un flux poussif. Derrière, Tanguy (de Lamotte) revient sur moi. Mais, cela fait quelques temps déjà que les écarts se font et se défont, parfois de manière assez spectaculaire, au sein de la flotte. Même en tête, on voit que Jean-Pierre Dick a beaucoup repris sur les deux inséparables leaders. On ne peut rien y faire, c’est la loi et le jeu de l’enchaînement des systèmes météo. Je suis vraiment rentré dans une autre phase de la course. Je préfère mettre actuellement les classements entre parenthèses. J’essaye de profiter des conditions que je rencontre pour naviguer du mieux possible, proprement, et bien toilé pour optimiser le travail du pilote.
La météo s’annonce beaucoup plus favorable à partir du 1er janvier, il sera alors temps d’attaquer. Mais d’ici là, je ne manque pas d’activités, les journées passent très vite. Entre les manœuvres, toutes les petites bricoles à régler, il y a toujours du boulot à bord. Je viens de faire un gros ménage à l’eau douce. Cela fait plus de 45 jours que je vis dans 6m2, c’est important de faire un bon coup de propre. Il faut aussi du repos, je ne lis pas beaucoup, mais j’écoute de la musique, notamment le soir. J’ai vu que Bernard Stamm avait repris la course, c’est une bonne nouvelle pour lui et toute la course.
Avant le départ, j’avais dit que je voudrais être parvenu à connaître le bateau avant la remontée de l’Atlantique, qui offre toujours des surprises et des rebondissements dans les classements. Aujourd’hui, j’y suis. Objectif rempli, et je suis même un peu en avance ! Je me sens beaucoup plus à l’aise dans la manière de mener un tel bateau, qui reste très exigeant, compliqué et pointu. Je ne lui parle pas forcément mais disons que quand je suis bien synchro dans une manœuvre compliquée, dans 25-30 nœuds de vent, que tout s’est bien déroulé sans prendre le risque d’abîmer le matos, je lui tape sur le coin de la coque…
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